" LES MAL-AIMÉS" de Jean-Christophe Tixier

   C'est l'été dans ce petit village des Cévennes en cette année 1901. Le soleil assèche la terre, menaçant les maigres récoltes, et êtres humains comme animaux se protègent comme ils le peuvent face à cette chaleur écrasante. Mais ce qui agite les habitants, ce n'est pas la hausse des températures, c'est une série de faits inhabituels et inquiétants. 

   Des troupeaux de chèvres sont décimés par la maladie, les vaches se meurent sans que l'on sache pourquoi, des accidents provoquent la mort de plusieurs paysans, et des meules de foin s'embrasent étrangement. 

   Alors on se regarde en chiens de faïence en pensant que le voisin a quelque chose à y voir. Jusqu'au moment où quelqu'un émet l'idée que ce sont les enfants qui reviennent pour se venger. Des coups, des brimades, des violences gratuites, de la faim, qu'ils ont subis lorsque le village abritait un bagne pour adolescents en rupture de ban. Jusqu'en 1884 où il a définitivement fermé. 

   Depuis, le bâtiment est toujours debout, mais personne n'ose s'en approcher. Les croyances locales très ancrées en interdisent l'accès à quiconque. Et gare à celui ou celle qui oserait fouler cette terre considérée comme maudite et hantée. Car dans ces années-là, le bagne employait les habitants et faisait vivre le village. Certains en ont alors profité pour faire leurs petites affaires. Jusqu'à provoquer la mort de plusieurs enfants. 

   Aujourd'hui la peur a pris le pas sur tout raisonnement logique. Et chacun accuse l'autre de ce qui s'est passé à l'époque. Dix-sept ans après les faits, ils sont persuadés que le diable s'est emparé des lieux pour les punir de leurs agissements d'antan. Et personne ne sait quand et comment tout cela va se terminer.

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